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#TND #TDAH #TSA
Mon enfant a la peau sèche, mais ne supporte pas les crèmes hydratantes.
Il déteste que ce soit visqueux ou collant.
Il déteste que ça laisse un film, gras, collant ou raide (comme l'aloe verra).
Il déteste souvent les odeurs.
Ce qu'il supporte le mieux c'est l'huile de coco, mais c'est quand même difficile, et pas très efficace.

Connaissez-vous une crème légère, vite absorbée, sans résidu et avec peu d'odeur ?

Merci pour les repouets.
Je rajoute une contrainte : compo clean.

L'intégration des réflexes archaïques dans le traitement des troubles du neurodéveloppement, ça vaut quoi ? Sources obsolètes, bases théoriques non valides, rapports avec des pratiques signalées par la MIVILUDES... ➡️ Le Conseil National Professionnel des Psychomotriciens rejette fermement ces formations, c.f. l'avis ci-dessous, dans lequel on apprend qu'en moyenne, 60% d'entre nous présentons un réflexe archaïque persistant !

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"Formations basées sur l’intégration des réflexes archaïques : Avis du Conseil National Professionnel des Psychomotriciens.

Le CNPP a été sollicité à plusieurs reprise par des psychomotriciens au sujet de la pertinence des formations sur les réflexes archaïques (aussi appelés réflexes primitifs). En effet, les offres de formation se multiplient, souvent accompagnées d’une démarche commerciale insistante.

Que ce soit dans le champ du développement personnel ou de celui des troubles neurodéveloppementaux pour ne citer qu'eux, les ouvrages, sites internet, articles de presse et autres formations destinées aux professionnels du médical et du paramédical, en lien avec les réflexes archaïques se sont largement développés ces dernières années (Intégration Motrice Primordiale, 2025 ; Sutherland, 2019 ; de Saint Voulry, 2022).

Le CNPP rappelle que la responsabilité première d’un professionnel de santé est de proposer aux personnes qui recourent à ses services des interventions de qualité, basées autant que possible sur des preuves, condition sine qua non pour assurer la sécurité des soins. Les psychomotriciens ne sauraient donc s’engager à se former ou à employer ce type de « méthodes » sans un minimum de circonspection et de vérification quant à la pertinence et la validité de ces dernières.

Or, la littérature scientifique nous apprend que la prévalence de ces réflexes archaïques non intégrés dans différentes populations est très importante. En moyenne, 60 % de la population générale présenteraient un réflexe archaïque persistant (Gieysztor et al. 2018 ; Jacobs & Gossman, 1980). Dans certaines études, le
pourcentage d’individus exempts de pathologies et présentant au moins un réflexe primitif non intégré atteint même les 90% (León-Bravo et al., 2023). Face à ce constat, il est aisé de comprendre que si les réflexes archaïques non intégrés étaient la cause de différents troubles ou de maladies, il faudrait revoir le concept même de santé. Dans les faits, ces approches ne sont absolument pas récentes, leurs sources remontant aux travaux de Dennison dans les années 1970 (Dennison & Dennison, 1994). Cependant, elles souffrent d’une absence totale de fondements théoriques valides et ne sont plus en phase avec les connaissances actuelles sur le cerveau ou le système nerveux de manière plus générale. Elles ont pour l’immense majorité une origine commune, la méthode Brain Gym® aussi appelée kinésiologie (Axelrad, 2024), pour laquelle le rapport de la MIVILUDES rappelle qu’elle « reçoit régulièrement des signalements concernant la pratique de la kinésiologie et de techniques associées (comme la Brain Gym® par exemple) », en plus d’être considérée comme une pseudoscience (Rapport MIVILUDES, 2009 ; Rapport INSERM, 2017). Suivre ces formations dont le contenu n’est pas fondé scientifiquement pose donc des problèmes concernant la sécurité des soins, la déontologie et plus globalement pour le respect de l’obligation de formation qui incombe aux psychomotriciens.

C’est sans équivoque que le CNPP dénonce le recours à ces méthodes qui peuvent induire une errance diagnostique et thérapeutique délétère pour les usagers, et recommande fortement aux psychomotriciens de ne pas y recourir."

cnp-psychomotriciens.fr/wp-con
#santé #medecine #pseudoscience #psychomotricité #TND #autisme #TDAH #neuroscience #orthophonie #psychologie #handicap

L’autisme, les fêtes, la famille et les ami·es : fais un effort !

L’autisme et les évènements sociaux, c’est pas toujours le match idéal. Qui ne rêve pas de passer une super soirée faite de discussions animées, de bonne bouffe et d’embrassades ? Qui ne s’éclate pas à rire à gorge déployée, ou à gueuler plus fort que la musique sous les stroboscopes ? Comment ça, toi ? Fais un effort !

Voilà ce qu’on entend souvent, nous, les autistes (ou parents d’enfants autistes), ces êtres bizarres qui ne veulent rien faire comme tout le monde. Et parfois même si ce n’est pas dit à voix haute, on sait que c’est pensé très fort. La période des fêtes, c’est le point culminant de notre courbe d’angoisse. Alors que les fêtes, c’est LE moment de joie pour tout le monde, non ?

Même si les adaptations proposées dans cet article s’adressent aux proches de personnes autistes, il est possible d’avoir la même réflexion pour toutes celleux qui ont besoin de conditions adaptées pour passer le meilleur moment possible.

Petite méthodo facile à l’usage de celleux qui trouvent que c’est pas si simple d’avoir un·e autiste à table pour les fêtes.

L’accès au diagnostic d’autisme est très complexe, pour les enfants comme pour les adultes. On peut donc avoir, dans son entourage, des personnes pour lesquelles il existe des suspicions d’autisme. Ces suspicions peuvent perdurer des mois, voire des années. Attendre la confirmation médicale du diagnostic avant de mettre en place des adaptations nuit alors au bien être de la personne concernée.

▶ S’interroger sur l’objectif des moments festifs

Avoir envie de réunir sa famille ou sa bande de potes autour de soi en cette fin d’année, quoi de plus légitime ?

Noël, c’est la plupart du temps l’occasion de se retrouver en famille, parfois élargie. Pour Nouvel An, on va chercher le coté festif et amical. Dans les deux cas, l’objectif semble le même : passer un moment symbolique entouré de proches, dans la bonne humeur et le partage, et fêter dignement ces retrouvailles. Peu importe la forme finale de la fête, du repas de famille posé à la soirée débridée, une chose est sûre : ne pas y aller, ça ne passe pas. « Saborder » les festivités en faisant entendre que les options proposées ne conviennent pas à toustes, c’est se mettre en marge, être un sale gosse capricieux. Et culpabiliser.

Revenons à l’objectif : Retrouvailles, partage et convivialité. Y a-t-il de la place pour toustes dans ces moments ? Si la réponse est non, l’objectif n’est pas celui qu’on croit. Il est plus égoïste, ou normatif. On se réunit parce qu’il le faut. Il est alors nécessaire de le faire d’une manière arbitrairement décidée, par une ou plusieurs des personnes présentes au détriment des autres. Pas vraiment l’idée qu’on se fait d’une convivialité partagée.

Si on tente de faire entrer à tout prix la pièce ronde dans le trou triangulaire, on prend le risque d’abimer à la fois la pièce et le support.

Petit tour d’horizon de ce qui peut être fait pour mettre un peu plus de douceur dans tout ça.

▶ Avoir en tête quelques principes généraux

Les besoins des personnes autistes se déclinent globalement autour des mêmes thèmes, même s’ils peuvent se préciser différemment d’une personne à une autre, selon son âge, l’environnement et tout simplement sa personnalité.

Le besoin de prévoir :

Il est infiniment moins stressant pour un·e autiste de savoir précisément où iel met les pieds. Aussi tous les détails qui peuvent être donnés à l’avance sont les bienvenus. Par exemple :

  • Le nombre d’invité·es et leurs identité
  • Le déroulement de la soirée (activités prévues, heure approximative du début de repas, heure d’ouverture des cadeaux…)
  • Le repas (les différents plats et ingrédients, pas seulement « on mange de la dinde »)
  • Le placement à table
  • Les modalités d’hébergement si la nuit est passée sur place

Pour un·e enfant, on peut ajouter tout ce qui le préoccupe, y compris avec qui iel pourra jouer, jusqu’à quelle heure, quand seront donnés les cadeaux, s’iel pourra sélectionner son alimentation, etc.

Le besoin de non jugement :

La plupart des personnes autistes ont des difficultés à exprimer leurs besoins, soit par difficulté à communiquer, soit par sentiment de non légitimité. La première façon d’aider est d’abord de rassurer en se montrant non jugeant·e avant, pendant et après l’évènement festif. De considérer que, par exemple, si la personne porte un casque à réduction de bruit, ce n’est pas pour accuser les autres de faire trop de bruit, mais pour répondre à son hypersensibilité auditive.

On peut aussi simplifier les choses en allant au devant des demandes : Interroger sur les besoins, répondre très honnêtement sur ce qui est faisable ou pas, trouver des solutions de rechange lorsque c’est possible. Préférer faire ces demandes en privé plutôt que sur une messagerie commune, qui peut être intimidante et complexe à suivre.

Sur place, informer la personne et/ou le parent de ce qui a été prévu, de l’endroit où l’isolement est possible, et du niveau d’information des autres convives permet d’éviter les quiproquos.

Les points de friction

Les points les plus récurrents dans les moments de convivialité, qui risquent donc d’être des sources d’incompréhension ou de désaccord.

▶L’alimentation

Les autistes ont souvent des rigidités alimentaires. Ce ne sont pas, encore une fois, des caprices, mais de réelles impossibilités devant certains aliments ou certaines textures. Ce n’est pas un rejet de la personne qui cuisine, même si celle-ci a voulu faire plaisir en proposant un aliment qu’elle pensait ok. Forcer un·e enfant ou un·e adulte autiste à manger malgré son dégoût ne mène qu’à des tensions et des situations de mal être.

Que proposer à la petite dernière qui ne mange que des frites ? C’est assez simple : des frites. Elle sera soulagée, son entourage aussi, et si c’est un point d’incompréhension, il sera toujours temps de l’évoquer un autre jour, ou de s’informer sur ces difficultés en mettant de coté ses idées reçues.

▶Les transitions et les imprévus

Ce sont souvent les moments les plus complexes, surtout pour les enfants. Les adultes autistes « prennent sur elleux » pour mieux gérer leurs émotions, mais n’en sont pas moins contrarié·es. On ne peut pas prévoir l’imprévu, mais on peut informer au plus vite, en expliquer la raison et rassurer si possible sur la suite des évènements.

Si des imprévus surviennent, la personne autiste, enfant ou adulte, peut réagir brusquement, sembler avoir du mal à accepter : il ne faut pas attendre d’adhésion immédiate mais plutôt accompagner au changement en montrant que d’autres choses n’ont pas changé, que la personne est toujours en sécurité.

▶L’énergie

Les personnes autistes disposent de réserves d’énergie moindres et ne peuvent rien y faire. Il ne faut pas s’étonner de coups de barre soudains, ou d’un épuisement non détecté par l’entourage. Encore une fois, pas de mauvaise volonté, juste une différence parfois complexe à comprendre par les proches qui n’ont pas les mêmes ressentis.

Les remarques telles que « T’es déjà fatigué·e ?? » ou « Demain on ne traîne pas au lit !  » sont souvent très angoissantes, et pointent du doigt ce qui est vécu comme des incapacités. Le respect d’un rythme différent permet au contraire de se sentir plus légitime dans ses besoins, et de ne pas pousser jusqu’à l’épuisement pour « faire plaisir ».

Le besoin de s’isoler :

Les adaptations mises en place peuvent ne pas suffire, sans que ce ne soit la faute de personne. Une personne autiste a régulièrement besoin de s’isoler pour différentes raisons, tels que la fatigue ou le trop plein sensoriel.

Ce besoin n’est pas un caprice, ni une manière de bouder la soirée. Il ne s’agit pas d’une offense que les autres invité·es doivent prendre pour elleux. il s’agit d’un aménagement nécessaire pour ne pas devenir désagréable, craquer ou ne plus savoir gérer son comportement. Les personnes concernées sont souvent très chagrinées de devoir faire avec, et mal à l’aise de quitter l’assemblée. Il est donc préférable de ne pas ajouter à leur mal être, mais au contraire de leur montrer que ça ne pose aucun problème.

Le besoin d’isolement est souvent immédiat : ce n’est pas le moment d’insister, de demander des justifications ou des explications, même si on ne comprend pas. C’est valable autant pour les enfants que pour les adultes.

Une pièce ou un endroit à part, avec un fauteuil, un canapé, ou un lit, de la lumière tamisée, une bouteille d’eau, est souvent suffisante, pourvu qu’on respecte le temps de repos nécessaire.

▶Affiner en fonction de la situation

Chaque personne autiste fonctionne différemment, et s’il est possible de proposer des généralités comme ci-dessus, elles ne sont sans doute pas suffisantes. S’adresser aux personnes concernées pour comprendre au mieux leurs besoins est essentiel.

« Comment puis-je faire en sorte que tout se passe bien pour toi/pour ton enfant ? » est une demande assez simple à formuler. Demander des précisions, les points les plus importants ou non négociables.

Même si la personne est entourée de proches, il peut être difficile pour elle d’être touchée physiquement à cause de son hypersensibilité tactile. Mais ce besoin est très variable : d’autres personnes autistes peuvent au contraire apprécier les câlins.

Les conditions peuvent varier : on peut par exemple inviter un·e autiste chez soi, ou être reçue par une autiste. Même si cette deuxième option peut sembler moins contraignante, c’est souvent une situation éprouvante car la présence d’invité·es va venir mettre à mal les routines de la personne, changer son environnement et son rythme. Il est alors très important de respecter ses demandes, même si elles paraissent contraires aux habitudes.

Une personne autiste qui refuse de l’aide (par exemple débarrasser la table) ne le fait pas forcément par politesse, mais peut-être parce qu’elle a besoin d’effectuer une tâche en solitaire pour mieux évacuer ou contrôler son environnement.

▶Accepter de ne pas forcément tout réussir du premier coup

S’adapter c’est aussi tâtonner, essayer des choses et réaliser qu’elles sont finalement inutiles, ou moins bénéfiques qu’on ne le pensait. Ce n’est pas pour autant un échec, juste un cheminement réalisé avec la personne pour trouver avec elle ce qui le convient le mieux.

Il arrive aussi que chacun·e fasse au mieux de ses possibilités, mais que cela ne suffise pas à éviter un moment compliqué, une crise, une difficulté. Personne n’est alors à blâmer : s’il était possible de tout contrôler, ce serait bien plus simple.

Faire un bilan après les évènements festifs peut-être utile pour comprendre ce qui a fonctionné ou ce qui a au contraire posé problème, pour mieux anticiper la prochaine fois.

▶Et les enfants dans tout ça ?

Si des enfants participent à l’évènement, il est très utile de les sensibiliser en amont sur le fait qu’une des personnes présente a des besoins particuliers.

On peut par exemple leur montrer cette vidéo très pédagogique :

https://youtu.be/RaIOvWR73qY?si=onUWqnrdJ06Ol04z

Quant aux enfants autistes, leurs besoins sont sensiblement les mêmes que ceux des adultes, à ceci près qu’il leur est sans doute encore plus compliqué de les exprimer et qu’iels ont besoins d’explications adaptées à leur niveau de compréhension.

S’appuyer sur les proches qui les accompagnent au quotidien est une bonne solution, mais il est important de montrer qu’on s’intéresse à leur bien être en leur exprimant directement certains questionnements.

Qu’est ce que ça coûte de s’adapter, finalement ?

Personne ne prétend que c’est toujours simple et intuitif. Il faut accepter que les personnes qui nous entourent, celles qu’on aime, n’ont pas exactement les mêmes besoins que nous. Personne ne nous l’apprend, ni à l’école ni plus tard. Nous ne vivons pas dans une société qui accepte la différence. Sommes nous pour autant forcée de faire de même ?

Et si les fêtes étaient l’occasion d’un premier pas vers plus de tolérance ?

C’est souvent en relâchant un peu la pression sociale, en prenant de la distance avec les convenances et le moule qu’on nous a fait apprendre, qu’on réalise que s’adapter n’est pas impossible, et souvent moins couteux qu’on ne se l’imagine. Qu’on peut apprendre un tas de choses, mais surtout, accepter de ne pas être parfait.

Accepter de dire « je ne sais pas comment t’apporter ce dont tu as besoin pour te sentir bien, mais je suis prêt à écouter sans juger » est souvent le pas le plus complexe. Le reste n’a rien d’insurmontable : il s’agit la plupart du temps de détails techniques, de petits aménagements, et de changer ses habitudes.

Les personnes autistes ne seront pas les seules à bénéficier d’une volonté d’adaptation : Une famille, ou un groupe d’ami·es, n’est pas composé de clones identiques et chacun a des besoins légèrement différents, en terme d’alimentation, de confort, de santé, etc.

Pourquoi ne serait-ce pas le moment d’accorder à chacun·e les petites particularités qu’on ne s’est jamais autorisées ? Le premier cadeau à se faire aux un·es et aux autres, c’est sans doute de s’accepter tel·le qu’on est.

Petite Loutre

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Interview : Owi Owi, ou la cuisine accessible aux neuroatypies

Le quotidien est parfois compliqué pour les TDAH, TSA et autres neuroatypies. Se nourrir et cuisiner font partie du lot. Troubles attentionnels, rigidités alimentaires, difficultés d’organisation, besoin d’explications précises (liste non exhaustive), sont autant de freins aux plaisirs alimentaires. Toujours attachée aux astuces qui nous simplifient la vie, je te propose de découvrir la cuisine sauce Owi, testée et approuvée par de nombreux·ses adelphes. Et la meilleure façon de le faire est d’aller à la rencontre de l’artiste.

Owi est auteure de trois livres de cuisine, publiés chez Albin Michel, et d’un blog, owiowifouettemoi.com. Elle vit à Bruxelles, aime Yotam Ottolenghi et la crème au beurre. 

Pourquoi les neuroatypiques aiment la cuisine avec Owi

Si on me demande ce qui caractérise les livres d’Owi, et pourquoi j’ai un vrai coup de coeur, je réponds : En un mot, l’accessibilité.

Je ne suis pas seule à le dire : dans le sillage d’Owi, sur les réseaux sociaux, de nombreux·ses personnes neuroatypiques en témoignent.

Ce qu’on y trouve comme nulle part ailleurs :

  • Des indications claires sur le matériel
  • Des listes d’ingrédients qui peuvent se substituer les uns aux autres
  • Des recettes explicites sur tout (ingrédients, temps de cuisson, matériel…)
  • Des recettes à la fois rapides et goûteuses
  • Des conseils sur les choses à ne pas tenter et pourquoi
  • Un vocabulaire compréhensible au quotidien
  • Des clins d’œil et de l’humour pour détendre l’atmosphère

Ce que tu ne trouveras pas, c’est du jugement, des injonctions à « bien » te nourrir et à freiner ton plaisir. Ici, la gourmandise est bienvenue, et tu peux l’adapter à ta guise à tes besoins particuliers.

Le résultat, c’est trois bouquins et un blog qui facilitent l’approche de la cuisine sur un mode à la fois fluide et décomplexé. Les explications détaillées mais pas superflues, les étapes claires, et tout le reste, rassurent et permettent de suivre sans s’éparpiller. Les recettes sont simples à décliner ou adapter à nos envies comme à des rigidités alimentaires, sans pour autant se sentir en défaut. En résumé, Owi encourage la confiance et l’autonomie.

Place à l’interview : mes questions à Owi

LOUTRE : Salut Owi, Qu’est ce que tu fais là ?

OWI : Je viens gagner des points loutre, évidemment ! *agite son album panini*

LOUTRE : Tu nous parles un peu de ton parcours ?

(Content warning : deuil périnatal)

OWI : Je reviens de loin, on va dire. Mon métier à la base, c’était psychologue et thérapeute. Et puis j’ai perdu ma fille à 8 mois de grossesse et autant de mois d’incertitude sur sa santé. Toute cette expérience m’a brisée. Je n’ai plus été capable de travailler. J’ai surnagé au fil des années, entre la naissance de jumeaux et 2 années littéralement sans sommeil, des nouveaux événements qui sont venus enfoncer le clou d’un syndrome de stress post-traumatique complexe (chronique) et une vie de famille compliquée. 

Au milieu de tout ça, je me suis raccrochée à l’idée de cuisiner, de façon obsessive, même et surtout quand ça n’était pas possible (par manque de temps, d’énergie, de neurones, d’appétit, d’alitement, de santé mentale ou parce que j’étais forcément accaparée par les enfants tout petits). Quand il m’était impossible de penser pour ne pas sombrer, je pensais à ça : ce que j’allais tester comme recette (un jour), la technique ou les astuces pour les réussir, les récits culinaires des gens qui m’inspiraient,… En même temps, je réfléchissais au comment : comment concrètement cuisiner ou pâtisser, alors que tout était contre moi. Je détaillais tout dans ma tête, pour fonctionner par courtes étapes, pouvoir m’interrompre sans tout rater ni me stresser. Ni m’emmêler les pinceaux.

Comme je ne pouvais pas dormir, j’ai commencé le blog, la nuit, pour raconter mes petites aventures de la journée et partager plus facilement les recettes avec les copines. Quelques années plus tard, j’ai pu créer des livres pour faire vivre mes recettes autrement et les aider à voyager encore plus loin.

LOUTRE : Qu’est ce qui t’as donné envie de désacraliser la cuisine ?

OWI : Désacraliser la cuisine n’a pas été une intention consciente. Ce qui m’importait, c’était qu’une recette donne le meilleur d’elle-même : ce que j’appelle le meilleur rapport qualité-flemme. Comment obtenir un résultat ébouriffant, en quelques étapes bien définies ? Sans perte de temps, sans se perdre soi, ni les autres, et en étant sûre de devancer les questions et les problèmes qui pouvaient se présenter. Autrement dit, en me mettant à la place de quelqu’un sans expérience spécifique, dans une cuisine lambda, qui découvre un ensemble d’ingrédients et de consignes nouvelles. Le plus important était qu’on se comprenne ou, peut-être encore mieux : de donner envie. Pas seulement de goûter une recette, envie d’être en cuisine ! Mettre les choses du côté du plaisir ou, au minimum, rendre l’expérience la plus détendue possible.

Y a assez de livres de cuisine intimidants ou de recettes écrites pour des gens qui s’y connaissent. De recettes qui présument (à tort) qu’on comprend jargon et technique. Pire, de recettes « simplissimes » de 3 lignes qui n’expliquent rien et nous laissent nous casser la gueule. Moi je voulais prendre les gens par la main et leur montrer comment tout cela fonctionne et, surtout, comment se faire du bien. 

LOUTRE : Partager ta passion via des livres plutôt que d’autres médias, pourquoi ce choix ?

OWI : J’ai toujours aimé écrire et le challenge de trouver les bons mots (ici, les mots pour donner envie, rassurer, faire rire, être parfaitement claire, explorer toutes les possibilités, structurer la pensée de façon à ce que tout coule de source). 

La hype est aux vidéos, mais je suis incapable d’utiliser une vidéo pour reproduire une recette sans m’arracher les cheveux. Ça me prend une énergie folle, car je finis par mettre la recette sur papier. Là où la vidéo est précieuse par contre, c’est comme médium qui nous montre exactement un geste (très intéressant en boulange et en pâtisserie). En plus je n’avais aucune envie de montrer ma tête ou de faire mmmmh en gros plan avec la bouche pleine, comme les algorithmes l’ont décidé. 

Ce qui était évident pour moi, c’était d’écrire. 

LOUTRE : Si je te dis explicite, tu me réponds …?

OWI : L’explicite, c’est l’art d’éliminer les chausse-trapes : tous les nids de poule facilement évitables, si tu sais qu’ils existent et où les chercher. Être en cuisine demande à beaucoup de gens suffisamment d’énergie mentale/physique et de courage, sans qu’ils doivent trébucher dans le brouillard parce que l’auteur·e d’une recette n’a pas pris la peine d’expliquer :

  • ce qui est vraiment important et pourquoi
  • ce qu’on peut modifier à une recette et ce à quoi il ne faut absolument pas toucher, si on veut qu’elle retombe sur ses pieds
  • le résultat attendu et par quels signes s’assurer qu’on y est (ou pas)

L’explicite, finalement, c’est l’art de virer tout snobisme ou complication. L’art de baliser le chemin pour que celleux qui suivent en profitent.

LOUTRE : Cuisine et humour, la bonne recette ?

OWI : Je ne peux pas m’empêcher de faire des bêtes blagues, donc bon. Mais finalement, les livres de cuisine sont tellement sérieux, fallait bien venir les décoiffer à un moment. D’autant que ça participe à faire de la cuisine un moment de plaisir. Et si moi je ne me prends pas au sérieux, ça montre bien qu’on peut toutes se détendre un bon coup ! 

LOUTRE : Des conseils pour se lancer en cuisine quand on est intimidé·e ou un peu rigide ?

OWI : Trouver une source fiable, une recette déjà testée par d’autres par exemple. Une source de crispation en moins : tu sais que ça fonctionne. 

Et si ça ne fonctionne pas exactement pareil, ça n’est pas grave : on utilise des ingrédients, du matériel différent de la personne qui a créé la recette, il y a forcément des différences de résultat. Ce qui ne veut pas dire que ça ne sera pas bon. On compte qu’il faut en moyenne réaliser une nouvelle recette 3 fois pour vraiment se sentir à l’aise et se l’approprier. Si ça t’aide de suivre la recette à la lettre ou de broder un peu, suis ton propre style. Mais ne change qu’un élément de la recette à la fois, pour mieux apprécier ce que ça donne, à partir de ton 2e essai. 

LOUTRE : Qu’est ce qui te fait le plus plaisir comme retour de ton boulot ?

OWI : Ce qui me touche toujours beaucoup, c’est les messages de gens que je ne connais pas et qui me racontent comment certaines de mes recettes sont venues ponctuer leur vie, au milieu de choses douces ou en ajoutant de la douceur là où iels en avaient besoin. Et, évidemment, tous celleux qui me disent qu’iels ont (re) trouvé du plaisir en cuisine en me lisant! 

LOUTRE : D’autres projets en cours ?

OWI : Là j’hiberne. Pas de nouveau livre prévu pour le moment. J’ai toujours 50000 idées mais c’est un énorme boulot de créer un bouquin, j’ai besoin de respirer. Et de voir si j’ai encore cette envie en moi. Je laisse Chaud Froid, le petit dernier, faire son bout de chemin 🙂

LOUTRE : Le mot de la fin ?

OWI : De la douceur pour toutes les personnes qui me lisent en cette fin d’année 💓

Un grand merci, Owi, pour t’être prêtée au jeu des questions 🙂

Quel livre choisir pour commencer ?

L’avis d’OWI : Par celui qui te tape dans l’œil (gâteaux, cuisine au four ou sucré/salé pour faire grimper ou redescendre la température, c’est toi qui choisis !) 

L’avis de LOUTRE : Par celui qui reflète le plus tes habitudes au quotidien : sucré, chaud et rapide, ou selon la météo…de toute façon le mieux c’est d’avoir les trois : )

Pour retrouver tout Owi, c’est par ici :

LE Linktree d’owi

Si tu as déjà testé, n’hésite pas à faire un retour en commentaire ci dessous !

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TDAH, TSA : Comprendre les dysfonctions exécutives chez les neuroatypiques et proposer des aménagements

S’il y a bien un reproche qu’on fait souvent aux personnes neuroatypiques, c’est de procrastiner, voire d’être flemmardes. Et bizarrement, ça ne change rien. Mauvaise volonté ? Que nenni. Pour essayer de mieux comprendre, on va se tourner du coté des fonctions exécutives.

Les personnes concernées par des troubles neurodeveloppementaux sont, la plupart du temps, concernées par des problèmes de fonctions exécutives. Ils peuvent facilement être confondus avec un manque de motivation, voire de la fainéantise, et sont la source de nombreux préjugés.

Disclamer 1 : J’aborde le sujet sous l’angle des TND parce que c’est celui que je connais le mieux. Il n’existe cependant pas d’exclusivité : un tas de choses peuvent perturber les fonctions exécutives, fatigue, anxiété, état dépressif, choc émotionnel, bipolarité, maladies types EM, COVID long, lésions type AVC, traumas crâniens etc. Dans les TND, la dysfonction exécutive est particulièrement présente de manière continue. Seule son intensité varie.

Disclamer 2 : Ceci est un article de sensibilisation aux fonctions exécutives, il n’entre donc pas dans les détails techniques. Pour en savoir plus, on peut consulter des articles ou des études en neuroscience sur le sujet.

Le rôle des fonctions exécutives

Les fonctions exécutives sont l’ensemble des processus mentaux que tu mets en œuvre pour gérer tes comportements, tes pensées et tes émotions pour agir de manière efficace. Quand ça ne marche pas, on appelle ça la dysfonction exécutive. On fait d’autant plus appel aux fonctions exécutives lorsqu’on est confronté à une situation nouvelle, mais toutes nos actions nécessitent de les solliciter.

On s’en sert donc au quotidien sans même y réfléchir : ce sont des mécanismes intuitifs, appris durant l’enfance, qui fonctionnent en arrière plan de manière continue. Sauf quand ça bugge.

Différentes parties du cerveau participent à la bonne marche de nos fonctions exécutives, avec en chef d’orchestre le cortex préfrontal. Dans les troubles neurodéveloppementaux, ces fonctionnements peuvent être altérés. Il peut être difficile de d’en connaître l’impact dès l’enfance : le cerveau n’est pas encore mature, et on attend pas d’un·e enfant d’être autonome. Cependant plus l’exigence en autonomie augmente, plus les difficultés sont présentes.

Les dysfonctions exécutives s’expriment différemment selon la personne concernée, son état de santé, les périodes de sa vie : les symptômes ne sont pas fixes. Un ou plusieurs mécanismes exécutifs peuvent être en cause, même si la plupart du temps on observe un ensemble diffus et variable de conséquences.

Prenons un exemple du quotidien : c’est le matin, tu dois prendre ton petit déj. Comment les fonctions exécutives interviennent dans cet objectif ?

1/Planification et coordination des tâches

Avant même de commencer à préparer ton petit déjeuner, tu planifies : Tu sais que tu dois enchainer un certains nombre d’actions pour arriver à l’objectif. Tu prévois donc d’enclencher des comportements les uns après les autres, par exemple :

  • Faire chauffer de l’eau
  • Préparer une tasse
  • Mettre du thé dans une boule à thé
  • Mettre la boule à thé dans la tasse
  • Mettre l’eau chaude dans la tasse
  • Faire griller des tartines
  • Sortir la confiture et un couteau
  • Mettre la confiture sur le pain
  • Retirer la boule à thé de la tasse
  • (…)

Ces actions doivent également être coordonnés entre elles. Si tu en oublies certaines, ou que tu en inverses l’ordre, tu n’auras pas le résultat attendu. Je déconseille de mettre la confiture avant de passer la tartine au grille pain, par exemple.

La capacité à planifier inclue celle d’évaluer de manière satisfaisante la durée de chaque tâche. Elle est particulièrement sollicité dans le milieu scolaire, où les élèves concernées par les TND sont souvent pris en défaut (organisation globale, rendu des devoirs…).

Lorsque les fonctions de planification et de coordination sont perturbées, savoir qu’on a besoin d’un petit déj ou qu’on doit rendre un devoir ne suffit pas.

Ne pas parvenir à planifier les actions nécessaires dans le bon ordre, même de manière inconsciente, suffit à rater l’objectif, ou à le rendre plus complexe à atteindre, sans que cela ne témoigne d’un manque de motivation à atteindre son but.

2/ Initiation des tâches

Planifier correctement l’ensemble des étapes n’est pas suffisant.

C’est l’heure du petit déj, tu sais comment atteindre cet objectif. Et pourtant rien à faire : tu ne parviens pas à démarrer. Alors, flemme ? Jusqu’à un certain point, c’est possible. Mais lorsque ce blocage entrave le déroulé de ta journée, ou que, malgré la faim ou les obligations, tu n’arrives pas à trouver comment débuter le processus alors que tu souhaites t’y mettre, on peut parler de dysfonction exécutive.

La difficulté, voire l’impossibilité, d’initier une action peut-être corrélée à la présence d’un objectif dont l’importance dépasse les objectifs quotidiens : tu dois bien prendre ton petit déj, MAIS tu as rendez-vous chez le docteur à 15h30. C’est un rendez-vous important, potentiellement stressant, tu as donc minutieusement planifié :

  • Préparer les documents nécessaires
  • S’habiller en conséquence du rendez-vous
  • Ne pas oublier le casque réducteur de bruit
  • Etre prêt·e à partir à 15h
  • Prendre le bus n°12 à 15h08
  • Ne pas rater l’arrêt Mairie
  • Se rendre au cabinet
  • Penser à dire toutes les choses importantes au médecin (…)

Oui, mais en attendant ? En attendant, impossible de te mobiliser sur un autre objectif. Et si le rendez-vous important a lieu dans 15 jours, tu peux être en difficulté pendant tout ce laps de temps. Fonctionne aussi avec «Je suis en attente d’un colis et je n’arrive à rien tant qu’il n’est pas là».

Ce n’est pas de la fainéantise : La difficulté à déclencher les actions est source d’incompréhension, mène souvent au jugement, à la dévalorisation (de soi-même ou de la part des autres), alors qu’elle résulte d’un trouble indépendant de la volonté.

3/ Flexibilité mentale

C’est la capacité de s’adapter : changer de tâche, d’ordre des tâches, ou la priorité de certaines tâches par rapport à d’autres selon les conditions et l’environnement.

Tu dois préparer ton petit déj, tu sais quelles actions mettre en œuvre, dans quel ordre, tu parviens à démarrer, mais il n’y a plus de confiture.

  • Faire griller des tartines
  • Sortir la confiture et un couteau -> Il n’y a plus de confiture !
  • Flexibilité mentale : tant pis, ce sera pâte à tartiner
  • Mettre la pâte à tartiner sur le pain
  • Faire griller des tartines
  • Sortir la confiture et un couteau -> Il n’y a plus de confiture !
  • Pas de flexibilité mentale : difficulté voire impossibilité de poursuivre la tâche
  • Objectif mis en péril

Tu dois préparer ton petit dèj mais tu n’est pas chez toi :

  • Faire chauffer de l’eau
  • Flexibilité mentale : Chercher les tasses à thé, le thé, les boules à thé
  • Mettre du thé dans une boule à thé
  • Mettre la boule à thé dans la tasse
  • Mettre l’eau chaude dans la tasse
  • Ne pas trouver le grille pain
  • Pas de flexibilité mentale : Abandonner le petit déj

La flexibilité mentale est particulièrement sollicité devant des objectifs nouveaux ou inconnus, ou dans un environnement inhabituel, qui imposent d’inventer de nouvelles manières d’agir pour atteindre un objectif.

La flexibilité mentale pose problème aux personnes qui appuient leur fonctionnement quotidien sur des routines. Une perturbation des habitudes peut sembler anodine : elle fait en fait appel aux capacités de flexibilité. Les environnements où il est nécessaire de s’adapter en continu, comme certains milieux de travail, peuvent être particulièrement difficiles à vivre pour les personnes concernées par un TND.

4/ Mémoire de travail.

C’est un stockage rapide des informations à court terme. Elle sert à conserver les données utiles à la réalisation d’une tâche de manière ponctuelle, mais également à manipuler mentalement ces données.

Tu as commencé à préparer ton petit déj, mais ta mémoire de travail fait défaut. Tu ne sais plus où tu en es, tu perds le fil de tes actions.

  • Faire chauffer de l’eau
  • Préparer une tasse
  • Refaire chauffer l’eau déjà chaude
  • Sortir une nouvelle tasse
  • Sortir une nouvelle tasse
  • Mettre du thé dans une boule à thé
  • Faire chauffer l’eau ah non oups
  • Pourquoi j’ai sorti trois tasses ?
  • Ranger les tasses en trop
  • Mettre la boule à thé dans la tasse restante (…)

La mémoire de travail permet de planifier et de raisonner en même temps, ainsi que de mettre à jour les informations connues en intégrant de nouvelles données. Elle sert par exemple à intégrer des instructions orales en comprenant ce qu’elles signifient et en planifiant ses tâches en conséquence.

Des difficultés en mémoire de travail peuvent fortement impacter la réussite scolaire ou professionnelle. Les problèmes attentionnels viennent directement impacter la mémoire de travail.

5/ L’inhibition

L’inhibition permet de supprimer les informations qui ne servent pas à atteindre ton objectif, qu’elles proviennent de l’environnement ou de toi. Elle est liée à la capacité à discriminer les informations pertinentes de celles qui ne vont pas te servir. Elles permet d’interagir avec l’environnement en conservant son efficacité.

Tu prépares ton petit déj, mais ton attention est attirée ailleurs. Tu peux « oublier » cette information non pertinente pour atteindre ton objectif, ou ne pas y parvenir.

  • Faire chauffer de l’eau
  • Préparer une tasse
  • Entendre du bruit dans la rue
  • Difficulté d’inhibition : zapper l’objectif pour aller voir d’où vient le bruit, en oublier de prendre son petit déj

Les difficultés d’inhibition sont étroitement liées à la fois aux capacités attentionnelles, et à la régulation des émotions et de l’impulsivité. L’inhibition permet aussi de résister à la satisfaction immédiate pour conserver un objectif à plus long terme.

L’ensemble de ces fonctions ont beau être distinctes, elles interagissent entre elles durant tout le processus mental qui te permet de mener à bien une tâche du début à la fin.

Les capacités attentionnelles, et la capacité à gérer ses émotions, vont avoir une influence importante sur la possibilité d’atteindre un but dans les meilleurs conditions possibles.

Pour atteindre un objectif aussi simple en apparence que « prendre son petit déj », tu fais appel à de nombreux cheminements mentaux imbriqués les uns dans les autres. La capacité à mettre en œuvre toutes ces fonctions en même temps est un ensemble de processus complexes qui vont régir à la fois tes pensées, tes comportements mais aussi tes émotions, la manière dont tu interagis avec l’environnement, de la planification de la tâche à sa réalisation.

Plus l’objectif à atteindre est difficile ou inhabituel et se déroule dans des conditions peu maitrisées, plus on sollicite nos fonctions exécutives.

Le monde capitaliste dans lequel nous vivons, avec ses attentes de performance dans des conditions de plus souvent dégradées, peut mettre à mal les fonctions exécutives dans n’importe quel type de population. Cependant, les personnes qui rencontrent ces problématiques au quotidien à cause d’un trouble ou d’une maladie, vont être les plus en difficultés pour répondre à ce type d’attentes sociales et professionnelles.

Soutenir les fonctions exécutives au quotidien : quelques aménagements possibles

Comme d’habitude, il n’existe pas de recette miracle pour « réparer » la dysfonction exécutive. On peut tout de même mettre en place quelques tips pour soulager le quotidien. Je te propose une petite boîte à outil, dans laquelle tu peux piocher ce qui te convient, en gardant en tête que bien souvent, l’environnement, et donc la bonne volonté des personnes qui t’entourent, a une influence importante.

► Il est d’abord important de s’informer pour mieux comprendre l’origine des difficultés. Qu’est ce qui coince le plus souvent ? La capacité à planifier, à démarrer une action ? Ou plutôt la mémoire de travail ? Pour trouver ensuite les aménagements qui correspondent.

► L’ensemble des fonctions exécutives est fortement impactée par notre état de fatigue et de stress. Même si nous ne sommes pas responsables de l’entièreté de nos conditions de vie, on peut essayer de :

  • repérer au plus vite les signes de fatigue
  • adapter son emploi du temps pour aménager du repos
  • ne pas forcer au delà de ses limites

pour minimiser l’impact de la dysfonction exécutive. Un outil comme le fatigomètre aide à mieux visualiser ses besoins, et donc à répartir ses objectifs selon son niveau d’énergie pour éviter d’être trop souvent en échec (et la dévalorisation de soi).

Troubles du Spectre de l’Autisme enfant et adulte : un fatigomètre pour mieux évaluer la fatigue (et y survivre)

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► Dans la réalisation d’objectifs courants, on peut utiliser un timer pour évaluer le temps nécessaire à chaque tâche pour mieux pouvoir les planifier à l’avenir.

►Tenir un planning sur le support de son choix aide à la visualisation et à une meilleure répartition des objectifs.

► La mise en place de routines, la ritualisation de certaines tâches incontournables (à des horaires fixes par exemple) aide à mieux les réaliser. Mais si la problématique principale est celle de la flexibilité, trop de routines peuvent nuire aux capacités d’adaptation.

► Définir, pour chaque objectif à moyen ou long terme, une deadline claire, voire des points d’étape, permet de mieux se projeter que des approximations temporelles.

► Obtenir des instructions explicites par écrit, surtout en milieu professionnel, aide à palier aux difficultés de mémoire de travail.

► Se faire aider d’un·e proche (non oppressif·ve !) amène un regard extérieur sur le repérage des difficultés et soutient la stimulation au démarrage de tâches.

Deux outils dont je me sers régulièrement :

  • Goblin Tools pour la planification et la décomposition des tâches (l’évaluation du temps donne un ordre d’idée mais manque de précision)
  • N’importe quel assistant vocal pour la mise en place de routines, le déclenchement des actions (entendre dire à voix haute ce que je dois faire aide à initier la tâche), la mesure du temps.

TDAH, autisme, troubles de l’attention : Comment Alexa, Siri ou OK Google peuvent soutenir ton quotidien

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Autisme, TDAH : une géniale application et 6 fonctions qui soutiennent le quotidien des personnes neurodivergentes

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Tu as tes propres outils ? N’hésite pas à les partager en commentaire !

Mieux comprendre les fonctions exécutives permet de mieux s’adapter, mais aussi et surtout de se déculpabiliser devant la stigmatisation de ces difficultés. Se sentir légitime dans ses besoins d’aménagement permet de retrouver quelques points de confort et d’envisager plus sereinement le quotidien.

Petite Loutre

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Troubles du Spectre de l’Autisme : Pourquoi l’autodiagnostic est légitime

Critiqué, voire décrié comme une forme d’usurpation, l’autodiagnostic de Troubles du Spectre de l’Autisme est souvent mal compris. Il souffre d’une foule de préjugés auxquels il convient de réfléchir. Comme bien souvent, la réalité est plus complexe. Dans un contexte de manque d’accessibilité des professionnel.les habilité.es, l’autodiagnostic est un préalable incontournable.

L’autodiagnostic est un préalable à tout diagnostic officiel

Personne ne débarque chez un.e médecin ou un.e psy sans motif. Avant de consulter qui que ce soit, quelque soit la raison, on commence par détecter quelque chose qui sort d’un fonctionnement normal. C’est la première étape.

On se pose ensuite différentes questions. Est-ce que j’ai les compétences pour comprendre cette différence de fonctionnement ? Est-ce que je sais la gérer, la prendre en charge ? Après analyse, on prend la décision de consulter ou de ne pas consulter. Illustration :

Exemple A : Tu te réveilles avec des courbatures, de la fièvre, une toux, un mal de gorge, un.e de tes proches a la grippe : Tu comprends ton problème, tu sais le résoudre (attendre et se reposer), tu as déjà des médicaments contre la fièvre. Tu es autonome, tu ne consultes pas. Ta grippe n’en est pas moins réelle.

Exemple B : Tu vois flou, plusieurs personnes dans ta famille sont concernées par la myopie. C’est devenu gênant au quotidien. Comprendre le problème ne suffit pas. Tu as besoin de lunettes et donc d’un examen et d’une prescription. Tu consultes, c’est nécessaire pour être aidé.e, même si tu as déjà compris que tu es myope.

Exemple C : Tu as très mal au ventre et ça s’accompagne d’autres symptômes inhabituels. Tu ne sais pas ce que tu as, tu n’as pas les compétences pour analyser ton problème, la pharmacie te conseille de consulter. Tu consultes, tu as besoin d’un.e professionnel.le pour comprendre, puis être aidé.e.

L’idée n’est pas de comparer l’autisme à une grippe, mais de s’interroger sur le processus qui amène à consulter un.e professionnel.le de santé. On ne consulte que parce qu’on a initié une première démarche d’autodiagnostic et qu’on a conclu qu’on ne pouvait pas gérer la situation par nous-même. Dans un contexte où les pros se raréfient pendant que les déserts médicaux augmentent, la démarche d’autodiagnostic est d’autant plus présente au quotidien.

Le parcours d’un diagnostic d’autisme est semé d’embuches

L’autisme n’est pas la grippe, loin s’en faut. Pourtant, notre cerveau va appliquer le même processus.

On devrait avoir accès au même processus, mais la réalité est toute autre. Il faut souvent des années, voire des dizaines d’années pour accéder la première étape : j’identifie un fonctionnement qui sort de la norme. La connaissance de l’autisme dans le monde médical est encore à l’état larvaire. Préjugés, idées reçues par rapport au genre, à l’orientation sexuelle, à l’origine ethnique, à l’âge, à la situation familiale, sociale, professionnelle, les Troubles du Spectre de l’Autisme sont au croisement de toutes les discriminations. Sans parler de l’éventuelle présence de handicaps déjà reconnus, utilisés comme prétexte à l’impossibilité d’être autiste.

L’identification d’un éventuel TSA se fait souvent par hasard, via les réseaux sociaux, des articles, des vidéos, via un.e proche qui soulève cette interrogation, après moults déboires dans le champ de la santé mentale et/ou de l’intégration sociale. Reprenons notre processus décisionnel : Maintenant que j’ai une idée de ce qui coince, j’ai bien envie de consulter. Sauf qu’à chaque étape, les obstacles s’accumulent : professionnel.les non sensibilisé.es ou inexistant.es, manque de soutien des proches, secteur de la santé mentale phagocyté par la psychanalyse, Centres Ressources Autisme surchargés et pas forcément safes, rien n’est fait pour faciliter l’accès au diagnostic.

Notre schéma pourrait ressembler à ça :

Je pourrais m’arrêter là : L’autodiag se justifie déjà par cette complexité. Même si certains parcours se passent bien, le soutien principal dans ce cheminement est souvent celui de la communauté autiste. C’est elle qui aide à faire le point, à éventuellement trouver des professionnel.les qualifié.es, qui rassure et qui légitime le questionnement. En ce sens, l’autodiagnostic est à la fois une démarche personnelle et communautaire.

Accéder à un diagnostic officiel de TSA reste un privilège

En plus du manque de sensibilisation des professionnel.les de santé, du manque de professionnel.les qualifiés pour diagnostiquer l’autisme, en plus du fait que la santé mentale soit un secteur largement défavorisé en moyens humains, techniques et organisationnels, on notera qu’un diagnostic a un coût financier non négligeable.

Le service public est rarement une option satisfaisante. La plupart des CMP et CMPP ne sont pas de bonnes portes d’entrée pour un diagnostic d’autisme, et les CRA affichent souvent plusieurs années d’attente. Dans certains établissements, il est même nécessaire d’être adressé par un psychiatre libéral pour accéder à cette liste d’attente.

A lire aussi : J’ai testé pour vous le CRA de ma région

En libéral, un diagnostic coûte cher. Les psychologues et neuropsychologues ne sont pas ou peu remboursé.es. D’autres pro sont en secteur 2 (avec dépassements d’honoraires) et certain.es ont des tarifs peu accessibles. Il faut parfois se déplacer, éventuellement loin. Pour mon propre diagnostic, j’ai fait deux aller-retours à Paris, soit 1000 bornes en tout, uniquement pour consulter un psychiatre.

Un diagnostic a un coût énergétique non négligeable. Il faut pouvoir se mobiliser cognitivement, consacrer une part importante de charge mentale à la compréhension de ses symptômes et à la relecture de son vécu, à la lumière de l’éventualité d’un TSA. En parallèle, il faut comprendre le parcours diagnostic et se consacrer à la recherche de professionnel.les. Il faut se renseigner, oser expliquer sa démarche à son entourage, son médecin, se tourner vers une communauté qu’on ne connaît pas…

Il faut donc des ressources. En énergie, en temps, en thunes, en moyen(s) de transport, éventuellement en garde d’enfant(s), en disponibilité professionnelle. Autant de choses qui, la plupart du temps, manquent aux personnes qui se découvrent autistes. De parcours diagnostic, on passe vite à parcours du combattant.

L’utilité d’un diagnostic officiel d’autisme n’est pas systématique

Qu’est ce qui oblige à un diagnostic officiel ? On l’a vu tout à l’heure, c’est le besoin. Nos besoins dépendant en majorité de nos situations. Sociales, professionnelles, familiales, financières. Ils sont donc très divers d’une personne à l’autre.

Lorsque j’ai commencé ma démarche diagnostique, j’avais besoin d’aménagements, et il n’y a pas d’autre manière de les obtenir qu’un tampon officiel. Mais mon besoin premier était de me comprendre et de me sentir légitime. Après des années passées à savoir que je ne correspondais pas à la norme attendue, il était nécessaire que je saisisse dans les moindres détails ce que pouvait signifier, chez moi, le fait d’être autiste. Dans cet objectif, j’encouragerais toutes les personnes qui s’interrogent à réaliser un parcours diagnostic officiel, qui permet d’objectiver les questionnements comme de découvrir des choses auxquelles on n’a pas pensé de soi-même.

Ce n’est jamais qu’une opinion personnelle. Certaines personnes sont parvenues à s’aménager une vie qui leur convient à peu près. Elles n’ont pas particulièrement besoin d’aménagements, ou de reconnaissance du monde médical. On peut estimer que les infos glanées un peu partout et notre propre réflexion suffisent. On peut aussi se connaître assez pour savoir qu’on est pas en état d’affronter un parcours diagnostic, ou pas maintenant. Toutes ces considérations, et bien d’autres, sont profondément intimes, et toutes sont légitimes.

Un dernier point à ne pas négliger : pour beaucoup de personnes minorisées, précaires ou juste différentes, la psychiatrie peut être source de violences et de maltraitances, ou peut déjà l’avoir été dans leur parcours.

La difficulté systémique d’accès au diagnostic, conjuguée aux différents coûts du parcours (sans garantie de fiabilité), pose quasiment l’obligation d’un temps d’autodiagnostic, qui peut varier de plusieurs mois à plusieurs années. Elle rend caduque la démarche habituelle, qui se voit compliquée de nombreux paramètres. Personne ne peut juger, si ce n’est la personne concernée, de ce qu’elle est en capacité, ou non, d’investir dans un tel parcours. Personne ne peut non plus juger de la volonté ou non de commencer un tel parcours : cela n’appartient qu’à celleux qui se questionnent.

Certaines personnes ne sautent jamais le pas d’un diagnostic officiel. Ce n’est pas moi qui me permettrais de juger, ni de la pertinence de ce choix, ni de la pertinence de leur autodiagnostic durable.

Petite Loutre

D’autres avis en faveur de l’autodiag :

https://pourquoipasautrement.wordpress.com/2020/10/27/autodiagnostic

https://tapsychophobiemenvahit.wordpress.com/2019/10/29/manifeste-en-faveur-de-lautodiagnostic-autisme

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Troubles du neuro-développement #TND

- #TSA : les troubles du développement de la communication et des interactions sociales (#autisme)

- #TDI : les troubles du développement intellectuel (déficience intellectuelle ou retard mental)

- #TDAH : les troubles du développement de l’attention (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité ou impulsivité) et des fonctions associées (mémoire de travail, contrôle exécutif…)

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fr.linkedin.comLali Dugelay 🦸🏼‍♀️ Hymne à la joie de l'inclusion ✨ on LinkedIn: Neurodiversité(s) en entreprise💡 Neurodiversité : déconstruire les préjugés pour une meilleure inclusion en entreprise ℹ Les troubles du neuro-développement #TND se caractérisent par une…