Je propose d'au lieu de dire des expressions du genre : "tu es fou/folle ou quoi ?" de plutôt dire : "tu es déshydraté.e ou quoi ?"
Les expressions contenants des mots issus des champs lexicaux de la psychologie pose problème non pas selon leur charge négative, neutre ou positive mais parce qu'elles insinuent toujours qu'il est préférable d'être dans la norme cognitive, d'être normalisé.e et que celleux qui ne le sont pas sont inférieur.e.s .
Certaines expressions ont pour effet de décrire une personne ou une situation comme exceptionnelle dans le sens positif du terme : "t'as réussi à faire ça ?! t'es trop un.e fou/folle :-D !", et c'est néfaste aussi puisque ça nie les conditions de vie et le vécu des personnes subissant le sanisme ce qui a pour conséquence de réduire implicitement mais concrètement les souffrances et les difficultés potentielles, de maintenir le statu-quo saniste en impensant les solutions : l'équité et la solidarité collective.
Inversement les expressions négatives criminalisent, déshumanisent, incapabilisent ou misérabilisent même sous le ton de l'humour et font aussi l'économie de la réalité pour pouvoir produire un effet culturel tout en étant toujours dépolitisantes.
De la même manière que les insultes et expressions putophobes, homophobes, sexistes ... etc légitiment culturellement la hiérarchie sociale; le patriarcat, il en va de même pour celles qui sont sanistes (=psychophobes/psyvalidistes).
Tout ça sans parler des intersections entre le fait de subir du sexisme et du sanisme, du racisme et du sanisme, de la transphobie et du sanisme, du classisme et du sanisme, du validisme et du sanisme (pour ne citer que les pluss visibles) et de leurs expressions oppressives respectives.
Si les violences individuelles sont toujours le produit des violences structurelles, les institutions (ici la psychiatrie) se nourrissent de la légitimation culturelle pour persister.
On ne peut rien abolir si l'on continue de légitimer culturellement la hiérarchie sociale.